Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     PERDRE     
FEW VIII perdere
PERDRE, verbe
 

I. -

Empl. trans.

A. -

[Subir le manque de] Perdre qqc. ou qqn

 

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[En utilisant mal, en gaspillant, en négligeant qqc...]

 

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À hanter les mauvais on perd l'âme et la vie V. hanter

 

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Assûr dort qui n'a que perdre V. dormir

 

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À tout perdre est le coup périlleux : A tout perdre est le coup perilleux. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). Usurier de gens desreuglés Venez tost et me regardez ; D'usure estes tant aveuglés Que d'argent gaigner tout ardez. Mais vous en serez bien lardez Car se Dieu, qui est merveilleux, N'a pitié de vous, tout perdez. A tout perdre est cop perilleux. (Danse macabre C., 1485, 32).

 

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Celui à son aise ne dort qui craint de perdre ses biens et être mis à mort V. dormir

 

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Celui qui bien fait, il est juste qu'il ne le perde pas V. bien..

 

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Des mauvais hanter perd on l'âme et la vie V. mauvais

 

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Guerre fait perdre maints royaumes V. guerre

 

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Il perd assez qui perd son âme : Nous tenons une fame a folle Qui son corps et son honneur vent Pour argent ; mais cecy m'afole, Car vous faictes pire souvent, Vos langues tornent comme vent Au plus donnant : c'est grant diffame. Il perd assez qui pert son ame. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

 

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Il vaut mieux pour l'homme perdre son avoir que perdre son honneur V. honneur

 

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Nul ne sait ce qu'est un ami jusqu'au jour où il le perd V. ami

 

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On doit perdre une fève pour avoir un royaume V. fève

 

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On perd souvent beaucoup à petite desserte V. desserte

 

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On perd tout le bien qu'on fait à boiseur V. bien

 

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Parole dite à homme dormant n'est pas plus perdue que n'est le châtiement au fou V. parole

 

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Où foi perd sa liberté, elle perd son mérite : Pour certain la dignité de religion est si franche et si noble qu'elle ne peult souffrir violence, et ou foy pert sa liberté, elle pert son merite. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 126).

 

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[Par la mort]

 

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Il vaut mieux en perdre un que le remanant : Seigneurs, cilz escuiers m'a rendu recreant, Mais il a l'autre occis dont j'ai le cuer dolant ; Mais il en vaut miex perdre un que le remenant, Car si plus y joustons il en sera autant. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 118).

 

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Qui perd sa mère, il perd d'amour l'escueil V. mère

 

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Par division se perdent toutes les bonnes choses du monde V. division

 

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Qui part de sa place, il la perd V. place

 

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Qui le sien perd, à l'autrui tend "Quand on perd son bien, c'est un autre qui en profite" : Regnart, entens moy bien sans ire (...). Rien n'as, mais tu voeux recouvrer Sur moy par ton malvais ouvrer. Perdu as le tien par folye, Pour ce as tu du mien envye. Thulles en parle sagement : "Qui le sien pert, a l'autrui tent." Va t'en ; du mien n'aras tu point : Vas trouver aultrui qui te doint. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 103).

 

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Qui perd le sien, il perd le sens : Et est a advertir que voz ennemis, qui congnoissent la tirannise que faisoient voz gens, et encores congnoissent que c'est a voz subgetz chose comme insuportable, cuidans que la perte de leurs biens qu'ilz faisoient et la tirannie que on leur faisoit peussent estre cause de faire departir vosdis subgetz de vostre obeissance, car on dit en commun proverbe que " qui pert le sien, il pert le sens ", essaient a les pervertir, en parlant et faisant parler a aucuns particuliers, aucunesfois par doulceur, aucunesfois par menaces executees et reeles, en essayant a les prendre de jour et de nuyt, en leur faisantoffres tant amples que on povoit, et a moy mesmes, grandes et amples (JUV. URS., Loquar, 1440, 314).

 

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[À propos des biens de Fortune] Qui plus en a plus en perd : La bonneürté souvereinne Et la felicité certeinne Sont souverein bien de Nature Qui use de Raison la pure, Et tels biens, on ne les puet perdre. Pour ce comparer ne aërdre Ne s'i puelent cil de Fortune. Car on voit -- et chose est commune -- Que qui plus en a, plus en pert. (MACH., R. Fort., c.1341, 90).

 

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Qui perd son bon ami, plus perd qu'à perdre son avoir V. ami

 

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Qui plus a plus perd V. avoir1

 

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Qui plus y met plus y perd : Et pour ce dit voir Salmons, car on recorde de lui qu'il dist: "qui a felon cuvert fait bien ne honneur, com plus y met et plus y pert". (Bérinus, I, c.1350-1370, 189). Si tost qu'il [ Theseüs] fust partis, Aderez s'avisa De la belle au cler vis ou telle beaulté a. Par amours qui l'esprist grant trahison penssa. Ce sont les fais d'amours, ouÿ l'avez piessa, Car advenus en est maint maulx et avenra. Ly homs qui plus y met, c'est qui plus y perdra (Theseus Cologne I, 2 B., c.1361-1374, 151). [Un homme reçoit chez lui la fille qu'il veut épouser, accompagnée par son père. La nuit, il découvre qu'elle couche avec le chapelain de la maison. Le lendemain matin il s'adresse au père et à la fille] "... pource que je vous ay fait venir de loing et vous ay bien voulu monstrer que je ne suis pas homme pour avoir le demourant [var. remanant] d'un prestre, je suis content de paier vos despens." Les aultres ne sceurent que dire, qui se veoient conclus en leur tort. Voyans aussi qu'ilz sont loing de leur pays, et que la force n'est pâs leur en ce lieu, si furent contens de prendre argent pour leurs despens et s'en retourner dont ilz vindrent. Et qui plus y a mis plus y a perdu. (C.N.N., c.1456-1467, 337).

 

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Qui tout tient tout perd V. tenir

 

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Tel en beau langage propose, qui en parlant perd son propos V. langage

 

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Celui-là ne perd rien qui un bon hôte loge

 

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Il est moult dur de perdre ce que donne nature V. nature

 

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Qui tout convoite tout perd V. convoiter

 

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Qui tout veut tout perd V. vouloir

 

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Qui trop se hâte souvent perd son bruit V. hâter

 

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Tout est perdu par mauvaise garde V. garde

 

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[Ce qu'on perd n'est pas perdu pour tout le monde] Ce que l'un perd, l'autre le reçoit : Ce que l'un pert, l'autre rechoit. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 193).

 

Rem. Hassell 197, P121.

 

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[Perdre et (re)trouver]

 

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C'est trop perdu qui ne recouvre V. recouvrer

 

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On sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on trouve : Elle [Madame d'Autriche] nous laisse, en la fleur de son eage, Trop tost, helas, on le voit par esprouve : On scet qu'on pert, mais on ne scet qu'on trouve. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 169). Tout le reclame [le comte Englebert de Nassau] et viconte et vidame, Seigneur et dame et gens de rice espreuve : L'on scet qu'on perd, mais l'on ne scet qu'on treuve. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 398).

 

Rem. Hassell 224, S22 ; DI STEF., 667a, perdre.

 

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Pour un perdu deux recouvrés/retrouvés : Et puis qu' elle ne puet ravoir Jamais son ami pour avoir, Pour pleindre, ne crier, ne braire, Ne pour chose qu'elle puist faire, Et aussi que de sa nature Oublie toute creature Legierement, quant ne la voit, On puet bien penser, s'elle avoit De ses amis damage ou perte, Que briefment seroit si aperte Que d'un perdu deus retrouvez Li seroit encor reprouvez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 241). Lors pristrent toutes a dire par commun que bonne dame avoient voirement et qu'il n'estoit autre service que de servir au Dieu et a la Deesse d'Amours et leurs commandemens faire, et dient que en brief bien seront pourveues. Lors fu trouvé un proverbe par elles qui disoit : "Pour un perdu, .II. recouvréz." Ainsi pristrent les dames et damoiselles qui sanz amis estoient conffort comme devisié vous ay. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 469). Pandu soit il qui se fira En femme qui deux amys a ; Qui plus y mect plus y perdra ; Pour ung perdu deux couvrera. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 76). S'il pert son temps voise autre part, A son maistre ne desplaira Mais luy dira : "Dieux y ait part, Veez là l'uys !", a qui ne plaira, Ou en disant luy complaira : "Mon amy, couvrez vous, couvrez !" Pour ung perdu deux recouvrez. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 62). ESPOIR. Pour ung perdu, deux retrouvés. Se tu as ung seul bien perdu, Cent en auras, mieux approuvés, Plus gros, plus grandz et plus ouvés, Il n'en fault pas estre esperdu, Car Amours a son arcq tendu, Pour conquerir ses proyes haultes. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 578).

 

Rem. Morawski 1701 : Por un perdu deus retrovez ; Hassell 197, P122 ; DI STEF. 666c, perdre. Formule proche dans DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 106 ; à propos de courtisans : Pour un perdu, une douzaine en sourt.

 

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[Perdre et/ou gagner]

 

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Les plus ("ceux qui sont le plus nombreux") parfois vont victoire perdant V. plus

 

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On croit avoir (tout) gagné et on a (tout) perdu V. gagner

 

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Qui un bon en perd et un bon en gagne, il n'a cause de trop se douloir : ...elle regarde le Chevalier Flamboyant et lui dist : "Sire chevalier, vostre bonne chevalerie fait bien dire de vous et moy mesmes me loe de vostre bonne proesse, car se vous n'estiez quy les autres resveilliez par vostre bien fait, nostre feste fust comme nue, car il y adesja passé quatre assamblees que le preu Norgal nous a failly. Non pourqjunt qui ung bon en pert et ung bon en gagne, il n'a cause de trop se douloir" (Percef. V, R., c.1450 [c.1340], 470).

 

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Souvent perd on son plaid à parler nicement V. plaid

 

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Celui qui a perdu, tout aussitôt on le gabe : "Ha ! dit li maronniers, comment vous appel-on ? Vous avez bon cheval ; il sent bien l'esperon : Vous n'avez pas esté oiseux, bien le voit-on." - "Amis, dit li rois Pietres, il est bien de raison : Celui qui a perdu tout adez le gab'-on." (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 63).

 

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Celui qui se défie du donneur, doit bien perdre le don : Celui aussi de qui tous dons viennent entierement veult estre requis d'entiere pensee. Ayes semblablement ferme attente a ce que tu requiers, car l'oreison ne proufite, si non en tant que la foy du requerant lui donne de merite. Car doit bien perdre le don qui se deffie du donneur, et follement demande qui pense estre escondist. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 164).

 

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[Moralité de la fable Du chien qui passoit l'eau et portoit une piece de chair (Le chien, voyant l'ombre de la piece de chair, ouvre la gueule pour happer l'ombre)] Celui perd tout qui tout convoite : ...qui convoite, il se mect en danger de perdre tout, comme la vielle qui ne fut pas contente de soy seoir sur une selle, mès voulut seoir sur deux, et elle cheut et fut sans selle. Celluy pert tout qui tout convoite : Ceste raison est assez droicte. (Ysopet III B., c.1400-1500, 387).

 

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On peut perdre en un jour ce qu'on a mis un grand temps à conquérir : Si vous conseille que, entrues que vous en poés issir à vostre honneur, vous en issiés et prendés les offres que on vous presente ; car, monsigneur, nous poons plus perdre sus un un jour que nous n'avons conquis dedens vingt ans. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 4).

 

Rem. Morawski 156 : On perd en peu d'eure ce qu'on a gaigné en long temps.

 

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Qui commence et ne parfait, il a perdu ce qu'il a fait V. commencer

 

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Qui tout veut tout perd V. vouloir

 

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Tôt perd qui a forte partie : LA MORT. Les plains, les lamentacions Des desolez, par luy deffaiz, Avec les maledictions De ceulx qui portoient les faiz, Du sang la grant effusion, Des mors sans juste occasion, En ont esté cause en partie. Tost pert, qui a forte partie. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 121).

 

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Tout ce qui est/chiet en aventure/en péril n'est pas perdu : Et Rose, la royne, a moult de coer priet A Dieu le tout- poisant, que son coer ot plaïet, Que la vitoire il ait a son pople envoïet. Mais elle ara le coer assès tost courechiet Plus que n'ot onques mais et de doel desvoïet ! Mais depuis assés tost r'ot-elle le coer liet, Par .I. gentil bastard qui li fist amistiet. Il n'est mie perdut tout chou qu'en peril chiet. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 162). Il nous sera bien mal advenu se nous perdons nostre roy et nostre damoiselle. Le pays sera en grant orfenté de seigneur qui le gouvernera. Beaulx seigneurs, dist le cappitaine, il n'est pas tout perdu quanqu'il em peril gist. Ayez fiance en Jhesucrist, et Il vous gardera. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Sy fut Thibault moult dollant et non pourtant luy respondi ausques froidement : "Ce qui gist en advanture n'est mye du tout pardu, vassal..." (Guill. Orange T.H.G., t.1, p.1450, 296). Quant paiien l'on veü [Jourdain étendu par terre, estourbi par un coup], se sont resvigurez, Bien cuident que mors soit et a se fin alez, Mais nonn est : mainte cose, oÿ dire l'avez, Gist en peril souvent, c'est fine veritez, Qui n'est mie perdue. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 734).

 

Rem. Morawski 1372 : N'est pas perdu quanque en peril gist ; Hassell 197, P130.

 

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Tout doit perdre qui tout convoite V. convoiter

B. -

Empl. abs. [Ne pas obtenir l'avantage, être perdant]

 

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Désespoir fait perdre l'homme V. désespoir

 

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Le croire légèrement fait décevoir et perdre mainte gent V. croire

 

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Mauvais achat fait qui perd plus qu'il ne gagne V. achat

 

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Nul n'y perd sans que quelqu'un n'y gagne : Et furte ache conseillie et d'acort qu'il se rendirte eus et la ville de Dinant a la vollonté de mon trèsredoubté segneur monsieur le duc de Bourgogne et de monsieur de Charolois son fils, et incontinent il firte ouverture et delivrerte les portes et les clés, de laquelle rendision pluseurs furte trèsjoeux et pluseurs très courchiés, car on dit communement : tenus ne pert, queune saquy [l. que n'i a quy] ne gaigne. (JEAN DE HAYNIN, Mém. B., t.1, 1466-1477, 171). LA MORT. Savez vous, recomanderesse Point ung bon lieu pour me loger ? J'ay bon mestier que on m'adresse Car nul ne me veult herberger, Mais j'en feray tant desloger Que on cognoistra mon enseigne ; Mourir fault pour vous abreger : Nul ne pert que autre ne gaigne (Danse macabre femmes H., p.1480, 118). Pour l'heure de ce siège d'Arras estoit madamoyselle de Bourgongne à Gand entre les mains de ces très desraisonnables gens, dont luy en survint perte et prouffit au roy : car nul n'y pert que quelcun n'y gaigne. (COMM., II, 1489-1491, 190).

 

Rem. Morawski 1409 : Nul ne pert qu'autre ne gaigne ; Hassell 197, P118.

 

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Si on gagne aujourd'hui, on perd demain V. gagner

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

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À battre la mauvaise gerbe se perd la peine du vilain V. gerbe

 

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Celui qui a perdu veut après épargner : ...Sarrasin faisoient le passage gaitier Si c'on ne les pooit de riens adamagier, Car cis qui a pierdut voet apriès espargner, Dont ou roi de Baudas n'i ot que courechier. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350,).

 

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Jamais bienfait ne se perd V. bienfait

 

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Il fait bon perdre pour pire esquiver : ...donnez du vostre, car il fait bon perdre, pour pis eschever, et mieulx vault donner une partie du vostre pour sauver le remenant, que tout perdre sanz ce que vous en aiez gré. (Bérinus, I, c.1350-1370, 53). [Var. Et sy dist Salemons c'on doit bien donner le tourtel pour garder les grans pains du four]

 

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[Sentence] Les conquérants craignent de perdre et les perdants espèrent recouvrer : Les conquerans ont la doubte de perdre, et les perdans ont l'espoir de recouvrer. Cil qui a le dessus en sa fortune s'orgueillist et s'endort et entroublie ez delitz de sa conqueste. Et celuy qui est au desoubz aguise son engin a la presse de son engoisse, et, s'il n'a esperance du destour de son maleur, si peult il esperoir retour de le eur de son ennemy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 139).

 

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On peut trop perdre par se hâter V. hâter

 

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Par un seul clou se perd un fer : Par ung seul clou se pert ung fer ["on gâche, on peut gâcher un fer"]. Par ung fer se pert bien ung pié. Par ung pié se pert ung cheval. Par ung cheval se pert ung homme. Par ung homme se pert ung regne. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

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Nul homme ne peut mieux se perdre que à oisiveté s'aerdre V. homme

 

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Tel cuide gagner qui perd : ...aucuneffoiz tel cuide gaigner qui pert. Et là où vous voullez aller, il y a plusieurs dangers et y fault proceder de sens rassiz et avoir grant conduite. Si ne sçavés vous pas encores tous les motz de la messe. (BUEIL, I, 1461-1466, 62).

 

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Une chance ne peut durer toujours, un temps elle se perd et puis l'autre revient : Toutdis ne poet durer une fortune, Un temps se piert et puis l'autre revient. (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 96).

 

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Tout se perd sauf le bien qu'on a fait : Le prince est gouverneur et chief Des membres du corps politique : Ce seroit bien doulant meschief S'il devenoit paraliticque Ou voulsist tenir voye oblicque A l'estat pourquoy il est faict. Tout se pert fors que le bien faict. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 57).

 

Rem. Cf. aussi Morawski 526 : De noient se corroce qui noient ne pert, 1503 : On ne doit perdre lo pou por lo prou, 1973 : Qui lui pert d'autrui ne joit, 2067 : Qui pert, au sein à mere quert, 2068 : Qui pert et retreuve ne scet que deul est, 2069 : Qui petit a et petit pert de grant se diaut (forme de se doulouir "se plaindre"), 2070 : Qui petit a petit pert, 2079 : Qui plus a mis plus perde.

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

 

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À un perdu, n'y faut point de godet : Ce molinet tant vermolu devient Que nul n'y vient apporter sa monnee, Il cline en bas, ame ne le soustient, Ni entretient, ne scet a quoy il tient Qu'on luy retient une demye annee ; Sa destinée est d'avoir une annee D'orge vanée, ou le port d'ung baudet ; A ung perdu, n'y fault point de godet. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 769).

 

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Il n'est chose si perdue comme bonté non reconnue V. bonté

 

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Où conseil n'a tout est perdu V. conseil
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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